Avez-vous ce léger besoin, discret, presque imperceptible de vous resituer par rapport à votre famille ? Sans avoir l’impression d’y laisser des plumes et sans sortir de cette réflexion en vous sentant coupable ! Il y a cette phrase un peu bête: «la famille, on ne la choisit pas !» Il est vrai que les remous familiaux ont une incidence énorme sur notre psychisme. Qu’ils soient plaisants ou désagréables, il nous est difficile de ne pas se sentir concerné.
Et quand le poids de cette appartenance devient trop lourd, on voudrait pouvoir s’en échapper. Et il y a des âges clés prédisposés à cette pulsion d’évasion. À l’adolescence, la famille peut être ressentie comme un train de marchandises qu’on tire derrière soi ! À 35 ans, la famille peut être ressentie comme un censeur de moralité qui voudrait brimer notre sexualité gourmande. À 40 ans, on estime ne plus avoir de compte à rendre à personne et surtout pas à la famille. À 50 ans, le temps commence à manquer, la femme « entre en ménopause » et l’homme « en démon de midi » et chacun installe ses prérogatives ! il y a les autres et il y a moi. À 60ans, la famille a évolué, elle s’est enrichie d’un petit peuple miniature dans lequel on peut se projeter et vivre par petite personne interposée, les bêtises et les interdits qu’on a laissés en points de suspension durant les années juvéniles. S’accorder ce privilège est comme une délicieuse petite vengeance sur le temps.
Mais la famille est néanmoins la solution la moins mauvaise…
Mais la famille est néanmoins la solution la moins mauvaise qu’on ait trouvée pour organiser notre société. Parce cette organisation n’est pas qu’administrative, loin de là, elle implique à notre insu une adhésion émotionnelle …et là, il y a à boire et à manger…Il y a des familles qui fonctionnent bien ! Et des familles qui dysfonctionnent !
Comment faire quand ça fonctionne mal ?
Une famille c’est comme une meute, il y a une hiérarchie dans laquelle des jeux de pouvoir existent sans qu’on en ait reçu le mode d’emploi. Quand on est petit on dépend totalement de l’autorité parentale et on n’a qu’une seule envie, c’est de grandir pour échapper à cela . Par la suite quand la vie nous fait enfiler le costume de parent, nous y entrons avec toutes nos frustrations et nos rancœurs. Ce qui immanquablement va colorer notre mission d’éducateur.
De plus pour bien assurer la fonction parentale, nous nous sentons obligés afficher une apparence de savoir, de performances et de perfection. Le tout petit enfant est fier d’avoir un papa comme une statue équestre et une maman comme une star hollywoodienne. Le petit enfant grandissant découvre par-ci par-là quelques craquelures dans le verni… Le parent n’étant pas dupe, il en remet une couche et creuse ainsi le fossé entre son enfant et lui. Alors l’enfant va prendre des décisions de vie …soit il va abdiquer partant du principe qu’il ne pourra jamais ressembler à ses parents: ils sont trop parfaits…et je suis nul. Au contraire, il va se rebeller en bafouant l’échelle de valeurs de ses parents « ma mère est tellement bigote et coincée, que je vivrai sans loi ni foi…etc..
Le truc serait que le parent descende de son piédestal, perte ses peurs et ose montrer ses faiblesses, ses doutes et ses hésitations à cet enfant qu’il a pour mission d’éduquer. Cela aurait pour effet immédiat de combler le fossé entre eux et de permettre à l’enfant de se projeter dans la personnalité de son éducateur. Mais le parent ne le fait pas, parce qu’on ne lui a pas fait à lui. Alors, il n’ose pas se montrer tel qu’il est, de peur de perdre la face et par conséquent son autorité et rater ainsi sa mission vis-à-vis de son enfant. Quand on aborde ce raisonnement, les frustrations de l’enfance deviennent moins douloureuses………..et la culpabilité du parent : moins acide.
Personnellement, je pars du principe que les individus, quoi qu’ils fassent :ont toujours une intention positive dans leurs actions vis-à-vis des autres…ou éventuellement vis-à-vis d’eux-mêmes. C’est le comportement lié à cette intention qui parfois n’est pas adapté. Mais hélas, c’est ce comportement-là qui prend toute la place dans le paysage et nous rend imperméables à une compréhension plus subtile. La plupart des conflits familiaux ou inter générationnels naissent de ce paradoxe et Dieu sait si ça peut faire des dégâts dans une famille !
Comment comprendre ce mécanisme ?
Si vous vous posez la question: POURQUOI cette personne manifeste-t-elle ce comportement ? Vous aurez une réponse intuitive définissant la Croyance de cette personne. Faites quelques hypothèses et vous deviendrez instantanément plus tolérant vis-à-vis d’elle. Mais sachez que ce n’est pas parce qu’on comprend, qu’on pardonne…ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il y a des comportements qui sont inhumains même s’ils sont basés sur une intention positive.
Dans la prochaine publication, je donnerai des exemples vécus de nos » intentions positives » vis-à-vis du monde. Mais je m’arrête expressément sans vous donner d’exemple, pour que votre imaginaire fasse le reste et suscite en vous l’envie de contester ce que je viens d’écrire.
Bel échange en perspective.
À tout de suite.